Pardonnez, comme la terre pardonne à l'éclair quand il frappe avec aveuglement sur les flancs d'une montagne protectrice ou sur le torse d'un cèdre millénaire. Pardonnez, comme l'hirondelle pardonne à la grêle quand elle s'abat comme un intrus sur les ébats joyeux des messagers du printemps. Et pardonnez encore, comme le majestueux hibou aux yeux cernés d'or pardonne au soleil lorsqu'il dissipe le règne de la nuit et repousse tous les seigneurs qui voient de la lumière dans le drap opaque du soir. L'ombre a-t-elle jamais été pourvue d'intelligence ? La ténèbre a-t-elle jamais été habitée par la sagesse ? Et comme vous pardonnez à un albatros maladroit qui se cogne contre votre épaule, Parce que ses yeux pensaient déjà au large tandis que ses ailes décollaient à peine du quai, Et comme vous pardonnez à la taupe aveugle qui grignote un peu de votre lanière en pensant se délecter d'une racine de betterave, De même vous devez pardonner à votre prochain, Car tout mal que l'homme peut faire n'est jamais que le fait de son ombre, Et jamais l'expression de son être spirituel. Le pardon délie les entraves de l'ombre et donne un élan accru afin que le cœur s'envole et poursuive son voyage divin.


Et si vous cherchez en vous la force de pardonner et que vous ne la trouvez pas, Alors souvenez-vous de ce que vous êtes : Une âme immortelle à laquelle rien ne peut nuire, et que l'amour seul peut grandir. Et si vous voulez faire chaque jour un pas vers la lumière et un pas dans la lumière, Alors laissez votre amour accorder à tous un pardon total et permanent, Car le pardon ouvre un espace grand comme l'univers, Et détruit ces tentacules de l'ombre qui n'ont de cesse d'entraver la conscience dans son ascension vers l'état de réalisation solaire. Vous êtes un soleil immortel, et l'ombre est comme une éclaboussure éjectée d'une petite flaque d'eau agitée par les désirs et les réactions de la personnalité, Et comment cette éclaboussure minuscule pourra-t-elle amoindrir l'intensité du soleil, et en corrompre la pureté ? Avant même que rien ne soit fait, la chaleur du soleil aura séché la petite flaque, Et il ne restera de l'ombre qu'une poussière sèche et une crevasse vide. Que votre amour soit fort, et votre ombre reculera, et elle disparaîtra complètement au jour de votre Éveil solaire. Mais si vous vous détournez de l'amour, C'est comme un sable mouvant qui engloutit un passereau imprudent Que l'ombre se saisira de votre personnalité et l'habillera d'un vêtement d'aigreurs et d'irritations. Mais même lorsque l'ombre aura tout recouvert en vous, Il suffira d'une pulsation de votre cœur pour déchirer le voile des ténèbres et faire jaillir la lumière."


Extrait du livre "Le don du prophète" de Chris Iwen