«Nous nous rendons pitoyables ou nous nous rendons forts. La quantité de travail à fournir est la même.»
– Carlos Castaneda

Il y a une dizaine d’années, mon père a offert à ma mère le petit bijou de boîte à musique que vous pouvez voir sur la photo. Elle a été faite à la main – en Suisse, si je me souviens bien. Chaque fois que je vais chez mes parents, je m’organise un petit concert privé... Le son de cet instrument est tout simplement céleste; je soupçonne qu’un ange y ait élu domicile et qu’il chante sa joie d’exister!

Le mécanisme de la boîte étant très délicat, on comprend rapidement qu’il doit être manipulé avec une précision quasi chirurgicale. Première étape: soulever doucement l’imposant couvercle en bois. Deuxième étape: agripper du bout des doigts le minuscule bouton doré attaché à la vitre protectrice, et la soulever amoureusement en tentant de ne pas l’échapper. Puis, une fois que le cœur de l’instrument est complètement exposé (un beau coeur tout doré...), on tourne la petite manivelle de gauche pour l’activer. Ou si on souhaite changer la mélodie, on extrait le cylindre en soulevant une gracieuse petite pièce dont j’ignore le nom, en prenant soin de ne pas abîmer les petits picots magiques qui seront miraculeusement traduits en sons.

Tant de beauté, de délicatesse et de précision...

Il y a quelque temps, après que j’ai un peu abusé de moi (en acceptant trop de responsabilités en même temps et, surtout, en me mettant trop de pression en les remplissant), l’image de cette somptueuse boîte à musique a commencé à me venir à l’esprit régulièrement... Je me remémorais la finesse de son mécanisme, la douceur avec laquelle je manipulais son petit cœur doré. Je pensais avec émotion à la façon que j’avais de chérir cet objet inanimé... et j’ai su qu’il était temps de m’offrir le même traitement. Oui, j’ai établi que l’ère de la délicatesse allait commencer.

Je n’ai jamais vu les humains comme des êtres fragiles. Éphémères, oui... Fragiles, non. Nous sommes habités d’une force de vie incroyable, qui s’exprime autant par notre capacité psychologique à surmonter les épreuves que par notre capacité physique à nous autoguérir. La question est: que voulons-nous faire de cette force vitale, de ce trésor d’énergie? On pourra toujours se relever, se guérir, se régénérer – jusqu’à un certain point, du moins... Cela dit, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il me semble qu’il est tellement plus délicieux d’investir notre énergie à jouer, à créer et à rayonner plutôt que de passer notre vie à nous briser et à nous réparer.

La vie est censée être douce. Et si on partait de cette prémisse? Que diriez-vous de prendre soin de vous comme vous prendriez soin du plus précieux des instruments, Sylvie? Je vous invite cette semaine à éviter les pensées stressantes inutiles, les drames intérieurs inutiles, les obligations inutiles, tous ces standards de perfection et toute cette pression qui ne vous apportent absolument rien de bon. Oui, prenez soin de votre magnifique cœur doré... Car j’aimerais vous entendre chanter, vous aussi, votre joie d’exister.

Bonne journée! :-)