Névralgie, courbature, lombalgie… difficile d’échapper à la douleur tant ses formes sont nombreuses. La phytothérapie peut nous aider à ce qu’elle se tienne plus tranquille.
Écorce de saule
Contre les fièvres, maux de tête, états grippaux, rhumatismes, douleurs : décoction de 2 à 3 g d’écorce pendant 10 minutes, filtrer, 1 tasse avant chaque repas.
À dose plus forte : décoction de 20 g d’écorce par litre d’eau pendant 5 minutes, puis laisser infuser 10 minutes. Prendre 250 à 500 ml, à répartir matin, midi et soir. Chez l’adulte, ce dosage correspond à 60 à 120 mg de salicine par jour. Mais des dosages quotidiens de 240 mg de salicine sont possibles en cas de poussées douloureuses aiguës chez l’adulte.
En teinture , prendre 2,5 ml (1 demi-cuiller à café) avec de l’eau, 3 fois par jour. Ou 3 gélules à 300 mg de poudre d’écorce de saule par jour, soit environ 24 mg de salicine par jour (dose faible).
Attention : les dérivés salicylés sont contre-indiqués en cas d’allergie ou d’intolérance à l’aspirine . À n’utiliser que sous contrôle médical dans de nombreuses affections cardiovasculaires par exemple, car la plante fluidifie le sang.
L’encens, un emprunt à la médecine ayurvédique
On utilise la résine qui exsude du tronc du Boswellia carterii, arbre originaire de l’Inde ou de la péninsule arabique. Connue en médecine ayurvédique et en médecine traditionnelle chinoise, l’huile essentielle d’encens oliban soulage l’inflammation causée par l’asthme, l’arthrite, l’arthrose, les affections abdominales inflammatoires (colite, maladie de Crohn). Elle agit sur les cytokines et les leucotriènes (médiateurs pro-inflammatoires qui interviennent par exemple dans la constriction des bronches en cas d’asthme). On trouve des extraits normalisés de résine à 37,5 % d’acides boswelliques à utiliser trois fois par jour. L’action est surtout sensible après quatre à huit semaines. Contre-indiqué chez la femme enceinte.
Reine-des-prés
En cas de rhumatismes, maux de tête et états grippaux, ou comme diurétique en cas de surpoids : 1 cuiller à soupe de sommités séchées pour 1 tasse d’eau à peine frémissante (les salicylates sont détruits au-dessus de 90 °C). Laisser infuser 10 minutes à couvert, boire 3 à 4 tasses par jour, dont la première à jeun ; ou 1 à 2 gélules à 300 mg environ aux trois repas.
Attention : Les dérivés salicylés sont contre-indiqués en cas d’allergie ou d’intolérance à l’aspirine .
La griffe du diable contre l’inflammation
Soulager directement la douleur, comme le font les dérivés salicylés, n’est pas suffisant, on sait depuis longtemps qu’il faut aussi réduire l’inflammation. Chez nous, le cassis a cette propriété proche de la cortisone. Mais ces dernières années, une plante connaît un succès sans précédent. Il s’agit de l’harpagophytum (Harpagophytum procumbens), qui pousse en Afrique du Sud et qui serait aujourd’hui une des plantes les plus vendues au monde. On utilise la racine secondaire de cette herbacée : la racine principale s’enfonce jusqu’à un mètre dans le sol, elle est dotée de racines latérales en forme de gros tubercules. Ses fruits ligneux, de 10 à 20 cm, reposant directement sur le sol et garnis d’aiguillons crochus en forme de grappin, sont à l’origine de son nom « griffe du diable ».
Mais l’utilisation massive de cette racine va bientôt provoquer un véritable désastre écologique (voir ci-dessous). Or il est possible de remplacer l’harpagophytum par un extrait fluide de scrofulaire (Scrophularia nodosa), un remède ancestral anti-inflammatoire (préparé selon les normes actuelles pour éviter sa toxicité) et cultivé en Europe.
Harpagophytum
Pour lutter contre un état douloureux, inflammatoire, spasmodique (arthrite, arthrose, lumbago, tendinite, rhumatisme,
bursite, synovite, entorse, goutte). Poudre totale en gélules : 1 à 6 g en traitement d’attaque avec 1 verre d’eau, en 3 prises au moment des repas ; ou en extrait fluide, 1 cuiller à café par jour dans un grand verre d’eau. Poursuivre le traitement 2 à 3 mois, même si on peut escompter un effet anti-inflammatoire dès 3 semaines de traitement. Effets secondaires rares : problèmes gastro-intestinaux, allergie.
Contre-indication : grossesse, allaitement ; ulcère gastro-intestinal allergie. Interaction possible avec des anticoagulants, antidiabétiques.
Aromathérapie
Deux huiles essentielles pour ne plus souffrir
Genièvre
Pendant tout le Moyen Âge, le genévrier (Juniperus communis) était une panacée pour les maux de tête, les maladies rénales et urinaires. Les fruits furent utilisés contre les rhumatismes en infusion en Alsace et dans les Vosges.
Ces baies renferment 0,5 à 2 % d’une huile essentielle riche en monoterpènes qui lui confère ses propriétés anti-rhumatismales (elle favorise l’excrétion des toxines rénales et de l’acide urique), antalgiques (elle calme la douleur), anti-inflammatoires, et diurétiques.
Mode d’emploi : l’huile essentielle sera diluée à 3 ou 5 % dans une huile végétale de qualité pour pratiquer des frictions locales 2 à 3 fois par jour.
Gaulthérie
Cette huile essentielle provient de la distillation des feuilles d’une Éricacée (famille de la myrtille, de l’airelle, de l’arbousier) appelée Gaultheria procumbens. La gaulthérie couchée, aussi appelée thé des bois au Québec, est un petit arbuste de moins de 15 centimètres, qui croît dans les forêts d’Amérique du Nord, du Canada et de Chine. Ses feuilles, séchées et infusées, ou mâchées, servaient aux autochtones à faire baisser la fièvre et calmer les douleurs articulaires. L’huile essentielle issue de ses feuilles contient jusqu’à 99 % de salicylate de méthyle, le principal constituant de la reine-des-prés d’Europe ! Son odeur est d’ailleurs caractéristique. Ses indications antalgiques sont innombrables : rhumatismes musculaires, goutte, arthrite inflammatoire, polyarthrite, arthrose vertébrale, épicondylites ; inflammations douloureuses : tendinites, muscles fatigués et douloureux, crampes…
Mode d’emploi : en massage, diluée à 20 % dans une huile végétale.
Le pavot, un antidouleur stupéfiant
Le pavot est à l’origine de nombreux remèdes à base de morphine, le principe actif de l’opium, latex obtenu par incision des capsules du pavot somnifère. La morphine est soit absorbée en comprimés dosés, soit utilisée comme matière première pour l’obtention de nouveaux médicaments par hémisynthèse : cette modification chimique de la morphine permet d’atteindre au choix un effet puissant de courte durée, une prolongation de l’effet sur 24 heures ou une augmentation de son effet antidouleur et une diminution de son effet stupéfiant.
À essayer aussi…
Parce que la perception de la douleur est très subjective, parce qu’elle interroge notre vie et donc son sens, on pourra faire appel à d’autres approches originales pour la calmer. De nombreux contemporains se tournent vers les fleurs de Bach, la relaxation, la sophrologie, l’hypnose, les remèdes homéopathiques. Cet accompagnement est d’une grande aide, il conforte le traitement proprement dit de la douleur par les plantes antalgiques.